Discours du Président de l'Assemblée Nationale



Chers membre de la famille, Chers collègues, Mesdames et Messieurs, en vos noms grades et qualités tout protocole observé,

C’est  dans la matinée du 22 Décembre 2015 que j’ai appris la douloureuse nouvelle relative au décès de l’Honorable Luc MARAT ABYLA, député du 1er siège du Département de Léconi-Lékori, commune d’Akiéni et Président du Groupe Parlementaire PDG à l’Assemblée Nationale. Une fois de plus, le sort vient d’endeuiller la grande famille du Palais Léon MBA. Une fois de plus, les mêmes interrogations sur le phénomène de la mort. Pourquoi ? Comment ? Une fois de plus, la désolation et vide devant la manque de réponse apaisante. Pour la dédramatiser, une vieille sagesse grecque enseigne que la mort ne nous concerne pas ; puisque nous ne la rencontrons jamais. Car vivants, nous ne sommes encore mort. Et morts, nous ne sommes plus vivants pour nous apitoyer sur notre propre sort. Pourtant, le mystère reste entier, épais comme un brouillard de saison sèche. En effet, force est de constater que nul ne parvient à dompter ni la douleur, ni le chagrin, ni le sentiment d’injustice dû au décès d’un proche. Face à la mort, la vie demeure un sempiternelle torrent de larmes que rien ni personne ne sait encore apprivoiser. Quel que soit l’âge, et en dépit de la maladie, nous sommes chaque fois habités par un amer sentiment qui fait dire que les personnes qui nous quittent, partent toujours trop tôt. Comme à l’improviste, sans prévenir. Tant nous aimerions encore les garder auprès de nous, les voir simplement, les ailer, les chérir et même les chamailler. Puis se réconcilier, puis les chérir encore un peu plus dans un cycle infini de chaleur humaine fait de hauts et de bas pourvu qu’il nous garde ensemble et que nul ne s’égare dans les méandres de l’éternité. Tant nous avons le sentiment que les gammes musicales de l’existence de ceux qui partent vers l’autre rive peuvent encore délivrer plusieurs mélodies. Hélas, il faut se résoudre à accepter cette fatalité. D’où ce matin, ce sont encore tous ces sentiments mêlés d’incompréhension, d’injustice, de regrets et d’impuissance qui nous envahissent au moment où nous sommes ici rassemblés pour matérialiser l’hommage de la représentation nationale à l’un de ses plus dignes serviteurs. Né en 1944 à Akiéni, l’Honorable président du Groupe parlementaire PDG, Luc MARAT ABYLA était l’un des ainés de cet hémicycle du Palais Léon MBA. Un ainé qui inspirait la quiétude, le calme et la sérénité. Très apprécié de ses collègues de tout bord, l’Honorable  Luc MARAT ABYLA bénéficiait d’un capital sympathie et d’une autorité quasi naturelle au sein de cette Assemblée. Pour autant, que cet ainé était aussi pour la plupart de ses collègues députés, l’enseignant et le Proviseur qui aura marqué les esprits de plusieurs générations entre 1972 et 1379 au Lycée National Léon MBA. A l’instar de son ami et frère Jean Pierre NZOGUE NGUEMA pour qui nous pouvons aussi avoir une pensée pieuse en cet instant, tous les témoignages s’accordent à reconnaitre que sous l’égide du Proviseur Luc MARAT ABYLA, le Lycée Léon MBA était la vitrine de l’école gabonaise. Son étoile la plus luisante. A la fois en terme d’excellence au travail qu’en terme de rigueur et de discipline comportement des élèves. Pointilliste jusqu’au bout de l’ongle, l’homme pouvait donner l’impression d’être à la fois l’enseignant, le proviseur mais aussi le surveillant général de son cher établissement. Conscient du caractère icône du lycée nommé Léon MBA , Monsieur le Proviseur avait à cœur de lever le symbole à la hauteur su prestigieux personnage que fût le Père de la Nation Gabonaise. Ce qui permet de constater à l’évidence combien le jeune serviteur de l’Etat était déjà imprégné d’un sens aigu de la République et des valeurs qu’elle devrait promouvoir afin que les filles et les fils du Gabon soient taillés dans le même bois, de la même essence : GABON D’ABORD. Toute chose que lui rappelait d’ailleurs la même formule gravée à l’entrée de son lycée et qui devait sonner dans son entendement de patriote résolu comme une injonction, comme un hoquet qui devrait secouer les entrailles du patriotisme de la jeunesse gabonaise soumise au façonnement du moule académique légendaire dont il assurait la gestion. Le Président Luc MARAT ABYLA a occupé ses fonctions de Proviseur cumulativement à celles de Directeur Général Adjoint des Enseignements et de la Pédagogie. Mais il fut aussi Directeur de l’Enseignement du Second Degré, Directeur Général de l’Education Nationale et même Haut Commissaire auprès du Ministre de l’Education Nationale. Toutes les cordes ici déclinées appartiennent à un même arc : l’univers de l’Education Nationale. C’est aussi dans cet univers que j’ai eu l’honneur de rencontrer t de connaitre personnellement l’Homme avant l’épisode du Palais Léon MBA qui a permis à nouveau le croisement de nos itinéraires. Qu’il me soit alors permis ce petit témoignage. Après l’épreuve particulièrement pénible de mon passage à la case prison, je sui immédiatement affecté par le Ministère de l’Education Nationale au Lycée d’Etat de Lambaréné comme nouvel enseignant de philosophie. Alors que je venais de rencontrer Monsieur le Secrétaire Général Luc NZE qui à l’occasion m’avait notifié l’affectation, j’ai eu la chance de croiser les pas de Monsieur Luc MARAT ABYLA dans les locaux du Ministère. Ses premières paroles envers ma modeste personne furent des propos d’un grand reconfort et d’une immense tendresse quasi paternelle. Parlant en effet de mon séjour carcéral, et de la fin sinon prématurée ou du moins précipitée de mes études, il me dit ce jour-là : « petit, il faut pouvoir tenir le coup. Ça fait partie de la formation de l’homme que de survivre à de telles épreuves ». et de me poser la question : « Que vas-tu faire maintenant ? » J’avais répondu en expliquant que je viens d’être notifié d’une décision d’affectation au Lycée d’Etat de Lambaréné. J’ai senti l’homme comme offusqué et indigné par cette décision qui ressemblait à un prolongement de peine. «  A Lambaréné, avait-il rétorqué, on te mettra encore sous la surveillance des responsables du Parti ». C’est ainsi que craignant pour ma peau et pour mes frêles épaules, il m’avait demandé de passer le revoir le lendemain matin à son Bureau de Directeur Général Adjoint des Enseignements et de la Pédagogie. Ce même lendemain, mon affectation fut réorienté grâce à sa bienveillance au Lycée Technique National OMAR BONGO ; tout ceci pour dire que chacun de nous a certainement en mémoire son Luc MARAT ABYLA ; Le mien demeurera ce bon samaritain au service des faibles, contre les injustices et l’arbitraire que la providence avait bien voulu mettre sur mon chemin, un jour de Septembre 1975. D’autant plus, c’est à travers cette décision de me garder à Libreville que j’ai pu bénéficier ensuite d’une certaine visibilité auprès des autorités politiques et administratives de l’époque ayant permis de m’affirmer et de construire min ascension progressive tant dans l’administration que dans la sphère politique. De l’Education Nationale à la politique, il n’y avait qu’un pas à franchir pour Monsieur Luc MARAT ABYLA, en vue d’y continuer une sorte de lutte pour le triomphe de ses convictions en faveur du mérite, de la rigueur, de l’excellence etde la réussite selon l’effort. C’est ainsi qu’en 1990, lorsqu’arriva la contestation politique ayant conduit vers l’ouverture démocratique et le multipartisme, il choisit de rejoindre la sphère politique, en briguant un mandat de Député d’Akiéni où il s’est fait élire de façon continue jusqu’à ce jour. Ce fût aussi une sorte de passage de sa vie de l’ombre à la lumière. Mais, dans l’ombre comme dans la lumière, Monsieur Luc MARAT ABYLA est resté égal à lui-même. C'est-à-dire grand travailleur, intègre, assidu, rigoureux et soucieux de l’intérêt général. C’est grâce à toutes ces qualités que ses collègues choisissent de le porter en 2002 à la tête du Groupe Parlementaire PDG à l’Assemblée Nationale. C’est avec beaucoup de doigté et de maestria qu’il a accompli jusqu’au bout cette mission, malgré la maladie qui trahissait progressivement les forces de son corps aux derniers instants. A l’Assemblée Nationale, on retiendra le souvenir d’un Député quia apporté de façon décisive sa pierre à l’édifice législatif de notre oays. Modératuer naturel, l’homme savait parler sur mesure et se taire sur mesure. Monsieur le Proviseur, Honorable MARAT ABYLA, cher Luc, tes prises de parole incisives vont nous manquer. Ton autorité naturelle va nous manquer. Ta liberté de ton, de penser et  d’agir vont nous manquer.  Tes silences inquisiteurs face à la médiocrité et à l’arbitraire vont également nous manquer. Pour nous consoler, reste ta présence spectacle dans nos consciences que tu as su savamment façonner. Le parfum de ton intelligence légendaire envoûtera encore longtemps les générations qui l’auront reniflé. L’assemblée Nationale te dit Adieu Tes collègues te disent Adieux. Tes vieux élèves te disent Adieux. Bon voyage NGOUALA. Nous sommes tous que porcelaine. Puissent tes ancêtres t’accueillir dans leur bien heureuse demeure.

Le Président de l’Assemblée Nationale

Jean-François NDONGOU

Président de l’Assemblée Nationale de la Transition

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