Sur le continent africain, les investisseurs privés manquent encore à l'appel



Pour la Côte d’Ivoire, le partenariat public-privé n’est pas une nouveauté, assure le ministre de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité, Bouaké Fofana. 75 % du plan national de développement de la Côte d’Ivoire est d’ailleurs attendu du secteur privé, avance-t-il. « Nous avons une longue expérience de la délégation de services publics au secteur privé, donc pour nous, ce n’est pas nouveau. Aujourd’hui, en matière de gestion de la salubrité, nous avons un contrat de partenariat public-privé pour l’agglomération d’Abidjan et nous sommes en train de faire une étude de soutenabilité financière de ce schéma pour l’étendre à l’ensemble du territoire. Aussi bien en matière d’eau potable depuis plus de 60 ans, la distribution de l’eau potable est assurée par le secteur privé en Côte d’Ivoire », déclare le ministre.

Puis, il ajoute : « Ce que nous demandons au secteur privé international aujourd’hui, c’est de faire du transfert de compétence, c’est de travailler en partenariat avec les privés locaux, parce que nous avons l’ambition de créer des champions nationaux dans tous les secteurs. »

Ce qui coince encore

Un appel répété par les acteurs africains. « Il faut venir, engagez-vous avec nous, travaillez étroitement avec nos autorités », déclare cet acteur lors d’un panel devant des investisseurs français. Cependant, il y a encore des choses qui coincent, explique Samuel Goldstein. Il est le directeur du développement commercial pour l’Afrique chez Meridiam spécialisé dans les projets d’infrastructures publiques. Il prend l’exemple de l’électrification.

« Je dirais que les obstacles sont effectivement des obstacles de capacité peut-être administratives des compagnies nationales d’électricité, de la réglementation je pense que c’est sans doute là-dessus qu’aujourd’hui sur lesquelles on peut buter », explique-t-il. « Il y a des entreprises des industries qui ont besoin d’électricité on souhaiterait signer un PPA – un contrat d’achat d’électricité –, en direct avec elle. Parfois ce n'est pas possible de passer par le réseau parce que d’un point de vue réglementaire ce n’est pas prévu. Donc il y a sans doute des choses encore à penser au niveau des compagnies au niveau de la réglementation pour pouvoir peut-être être d’emblée déjà plus efficace », imagine Samuel Goldstein.

Réduire les risques pour financer les projets

Le nerf de la guerre reste le financement de ces projets. Société Générale, très présente sur le continent, met en avant la nécessité de réduire les risques. « Pour ça en effet, une banque commerciale comme la nôtre ne peut pas travailler toute seule, elle ne peut que travailler avec des partenaires », prévient Philippe Dubois directeur corporate pour la région Afrique. « Soit avec des partenaires financiers comme des banques de développement pour financer les gros projets. Ce n’est pas tout quand on est face à un projet comme une centrale photovoltaïque pour laquelle on n’a pas beaucoup de recul, il faut plutôt trouver des formes de sécurité, des garanties qui vont couvrir les banques commerciales sur des risques qu’elles n’ont pas encore vraiment pu évaluer. Risques de liquidité, risque notamment de défaut et là, les banques de développement, les instituts internationaux peuvent apporter des garanties. Et c’est comme ça qu’on avance », dit-il.

Le FMI souligne que le secteur privé participe actuellement peu au financement et à la fourniture d’infrastructures en Afrique. Le continent n’attire que 2 % des flux mondiaux d’investissements directs étrangers.

Source: RFI (https://www.rfi.fr/fr/podcasts/afrique-%C3%A9conomie/20221011-sur-le-continent-africain-les-investisseurs-priv%C3%A9s-manquent-encore-%C3%A0-l-appel)

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