Discours d'ouveture du Président de l'Assemblée Nationale



    Monsieur le Premier Ministre,
    Alors qu’elle entreprend d’examiner le destin des objectifs du Développement Durable, la 132ème Assemblée de l’Union Interparlementaire qui s’est tenue à Hanoï au Viet Nam du 28 mars au 1er avril 2015, avait cru bon de préciser dans le thème du débat général, je cite : « Passer des mots à l’action » fin de citation.
    Au-delà de la simple formule destinée à sensibiliser la conscience parlementaire sur le besoin d’accompagner l’accomplissement des ODD    , et si cet intitulé mettait plutôt le doigt sur l’une des causes profondes du discrédit qui affecte la vie politique ? C’est-à-dire, cette impression que la politique est désormais réductible à la parole. La parole comme véhicule d’un catalogue de bonnes intentions que les responsables politiques ont pris fâcheuse habitude de ressasser à volonté sans spécialement donner le sentiment qu’ils se soucient d’en trouver une traduction concrète ?
    Telles sont les interrogations qui m’ont spontanément envahi en découvrant cette sorte de consigne et d’incitation sous entendu dans le thème évoqué.
La politique ne peut certes se passer des mots. Nous en expérimentons présentement l’importance. C’est à travers les paroles que se dévoilent les ambitions politiques. C’est à travers les paroles que les femmes et les hommes politiques lèvent le voile sur les ardeurs qui les animent autant que sur le mystère de leur personnalité. Les paroles peuvent aussi créer du lien, de la proximité avec le peuple qu’elles assurent et rassurent à l’occasion.

Mais la parole sert aussi à formuler des promesses. Lesquelles promesses suscitent l’espoir et entretiennent l’espérance voire la croyance en une sorte de fonction magique de la politique, susceptible de changer le cours des événements dans la singularité des vies mais aussi dans la communauté de celles-ci. Pour autant que la politique ait pour vocation d’apporter le bien être dans la cité.
    Or, notre époque est si obnubilée par le souci performatif du discours politique, que celui-ci donne à plusieurs égards le sentiment d’être maintenant une sorte de fin en soi ou d’avoir sa finalité en lui-même. La vertu qui devrait résider dans l’adéquation entre les paroles et les actes semble désormais abandonnée à elle-même. La valeur quasi sacrée de la parole qui formule des promesses dans le souci de les réaliser, ne semble plus contenir une quelconque importance pour certains acteurs politiques. La parole censée engager l’honneur et la dignité de l’homme politique devient entre certaines lèvres, une forme de fanfaronnade,  ventilateur de farces à mauvais goût qui abusent de la patience mais surtout d’une certaine forme de  crédulité d’une partie du  peuple. Toute chose qui aboutit finalement à exacerber le mépris, le ressentiment voire le caractère haïssable de la politique et même des responsables politiques ; qu’on finit par considérer comme une espèce de messies foireux auxquels on ne devrait plus croire, à force de prêcher des miracles qui ne se produisent jamais.
    D’où la 132ème Assemblée de l’Union Interparlementaire a eu beau jeu de prescrire ce qu’elle a appelé : le passage des mots à l’action.
    Mais que pourrait alors signifier : passer des mots à l’action ?
    Mesdames et Messieurs,
    A notre humble avis, et sans vouloir dérouler un Discours de la méthode, passer des mots à l’action, c’est :
    - faire de la parole la face complice de l’agir. C’est-à-dire, admettre que les mots à eux-mêmes ne suffisent pas. Car ils ne font pas   encore l’action au sens de sa réalisation;
    - Passer des mots à l’action, c’est admettre qu’il ne suffit plus d’exhiber un catalogue de bonnes intentions. Encore faudrait-il que ces dernières parvinssent à trouver une traduction concrète au bénéfice des peuples. Sinon, les paroles pour elles-mêmes serviront seulement à entretenir l’illusion et avec elle, le sentiment que la politique est inutile et incertaine ;


-    Passer des mots à l’action, c’est passer des promesses à la réalisation de celles-ci. En effet, il faudrait cesser de penser qu’entre les promesses et l’exercice du pouvoir, il n’y a aucune place pour tenir les promesses formulées ;
-    Passer des mots à l’action, c’est passer de la simple évocation des besoins et des attentes des citoyens aux solutions et réponses y relatives pour les satisfaire ;
-    Passer des mots à l’action, c’est aussi redonner du sens, de la valeur, de la dignité à la parole politique. C’est réparer le sentiment de mensonge et de rendez-vous de dupe que cette parole peut secréter et propager, lorsqu’elle n’est pas tenue. Car, la femme ou l’homme politique devrait assumer un certain statut. Le statut de femme ou d’homme supérieur au sens où une sagesse enseignée par Confucius déclare à ce propos, je cite : «L’homme supérieur est celui qui d’abord met ses paroles en pratique, et ensuite parle conformément à ses actions » fin de citation.
    En d’autres termes, si gouverner c’est communiquer, les femmes et les hommes politiques devraient avant tout agir. C’est-à-dire changer le cours des événements et produire des résultats tangibles. Voilà par quoi, ils doivent commencer pour regagner la confiance des peuples.
    Marcel Proust disait justement dans son livre bien nommé A la recherche du temps perdu, je cite : « Agir est autre chose que parler, même avec éloquence, et que penser, même avec ingéniosité » fin de citation.
    Dans le même dossier, je ne puis résister à l’envie de verser une autre pièce tirée de cette diatribe du Général De Gaulle quand il souligne : « Je parle. Il le faut bien. L’action met les ardeurs en œuvre » fin de citation.
    Mesdames et Messieurs,
    A l’évocation de l’auteur du célèbre appel du 18 juin 1944, c’est aussi pour moi, l’occasion de saluer à présent toutes celles et ceux qui ont eu l’amabilité de répondre favorablement à l’appel ou plutôt à l’invitation du Palais Léon MBA pour cette circonstance.
    Je pense tout d’abord à Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, le Professeur Daniel ONA ONDO.     Et autour de lui, à tous les ministres qui l’accompagnent.
    Monsieur le Premier Ministre,
    Depuis votre arrivée à la tête du Gouvernement, l’Assemblée Nationale n’a cessé de souligner vos efforts inlassables pour établir une collaboration harmonieuse entre le pouvoir Exécutif et le pouvoir Législatif. Le tout, dans le cadre de la coproduction normative qui nous engage.
    De même, la Représentation Nationale aime à relever l’optimisme intelligent que vous inoculez au sein de l’équipe gouvernementale, afin d’affronter dignement les aléas du moment. Cet optimisme est doublé d’une autre vertu que j’appellerais le refus d’auto-complaisance qui s’est notamment exprimé le 12 janvier dernier, lorsque vous avez émis ce constat lucide, à l’occasion des vœux que les Membres du Gouvernement ont bien voulu vous adresser en notant, je cite : « une insuffisante collégialité, une propension à travailler seul ou encore, une tendance à confondre vitesse et précipitation » parmi certains éléments de votre équipe.


    Monsieur le Premier Ministre,
    L’Assemblée Nationale vous sait capable de relever n’importe lequel des défis soumis à votre manœuvre. Néanmoins, si les impondérables du moment devraient entraver ou contrarier vos capacités de conduire ce navire vers le cap de « Bonne Espérance », le jugement de la Représentation Nationale restera appréciatif à l’égard de vos valeurs intrinsèques.
    Merci Monsieur le Premier Ministre d’être venu nous apporter votre soutien en cette belle et paisible matinée.
    Quant aux Membres du Gouvernement, jamais il nous arriverait à l’esprit de vouloir précariser l’action des uns ou des autres. Quant bien même dans la configuration actuelle de l’Assemblée Nationale, nous devons être à la fois juge et partie. Merci aux Membres du Gouvernement qui ont effectué le déplacement du Palais Léon MBA pour leur considération à l’égard de l’Assemblée Nationale.
    Parmi les personnalités qui ont répondu favorablement à notre invitation, figure le Président du Sénat, Madame Lucie MILEBOU OBUSSON, épouse MBOUSSOU.
    Madame le Président,
    L’Institution dont vous assumez la charge et l’Assemblée Nationale sont comme le ventricule gauche et le ventricule droit de notre cœur institutionnel. Notre action synchronique participe à l’équilibre du tout que représente la production législative du parlement gabonais. Celle-ci doit toujours se faire suivant l’intérêt général et non conformément aux intérêts particulier et contingent. Nous devons absolument travailler dans le même sens, celui du peuple gabonais. C’est seulement à cette condition que nous continuerons de mériter sa sincère considération. Merci Madame le Président du Senat de nous rester solidaire.
    Dans cet hémicycle, nous notons également la présence de Madame Marie Madeleine MBORANTSUO, Président de la Cour Constitutionnelle. A ses côtés, les autres Présidents de nos Institutions Constitutionnelles.
    Madame le Président,
    Le rôle de l’institution que vous dirigez est si essentiel dans la construction, le raffermissement et la préservation de nos acquis démocratiques que votre intelligence, votre sagesse et vos compétences sont une véritable chance pour la Cour Constitutionnelle et pour le Gabon. A travers le monde, vos collègues vous respectent. Ce respect est amplement mérité. Il est loin des présuppositions subjectives qui pourraient peser sur les jugements locaux. Vous êtes une fierté pour le Gabon, puisse le prestige que vous avez su apporter à la Cour Constitutionnelle demeurer par-delà, votre sort personnel. Merci Madame le Président, de soutenir constamment la Représentation Nationale.
Les autres Présidents d’Institutions Constitutionnelles m’en voudraient de ne point bénéficier du même arrêt sur image. Sans équivoque, ils méritent les mêmes hommages. Autant qu’ils sont, il s’agit de compatriotes, grands commis de l’Etat dont l’intelligence, l’expérience et les qualités personnelles ont indéniablement motivé les choix portés sur leurs personnes respectives.
Merci à tous pour la valeur et le crédit que vous accordez à l’Assemblée Nationale.
    Plusieurs Membres du Corps diplomatique nous font également l’amitié d’être présent à cette cérémonie d’ouverture de notre première session ordinaire 2016.
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et témoins privilégiés de la scène politique gabonaise, la Représentation Nationale vous sait gré de la constante considération que vous lui témoignez à chacune de ses invitations

Aussi, ne cessera-t-elle de compter sur votre amitié bienveillante pour aider le Gabon dans sa marche déterminée vers plus de démocratie, de transparence, de respect des droits humains, de bonne gouvernance et de développement durable, gages d’une stabilité politique et économique pérenne.

Notre pays voudrait pouvoir capitaliser chacune des relations fructueuses et sincères qu’il entretient avec vos nations respectives, s’imprégner d’expériences diverses et hétéroclites pour continuer à niveler par le haut les ambitions de son propre destin. Merci à l’ensemble du Corps diplomatique d’aimer le Gabon et de soutenir notre action.

Dans cet hémicycle, sont aussi venus nous soutenir, les Responsables des Organisations non gouvernementales et Représentants de la société civile.

Partenaires sociaux, techniques et financiers du Gabon, ils constituent un atout indéniable dans les choix stratégiques qu’opère notre pays pour son développement. Consciences neutres et indépendantes, les ONG apportent expertise, avis et conseil techniques pertinents, tout en soulageant à travers le financement de micro projets à caractère socio humanitaire, le poids des dépenses du portefeuille gouvernemental.

A tous les Représentants des ONG, l’Assemblée Nationale, au nom du peuple gabonais, dit merci d’œuvrer en faveur l’épanouissement de nos concitoyens.
Merci d’être venu au palais Léon MBA en cette belle matinée tropicale.

Dans ce précieux chapitre, je ne saurais oublier nos soutiens inconditionnels, c’est-à-dire, tous les concitoyens ici présents, mais aussi ceux qui nous écoutent à travers les ondes de radio Gabon, la nationale.

A ces gabonaises et gabonais de nos circonscriptions électorales respectives, au nom des 120 Députés qui forment la colonne vertébrale de la 12ème législature, je voudrais traduire notre marque de reconnaissance et notre devoir concernant la défense de leurs intérêts, en utilisant ce morceau choisi de l’épitre de l’Apôtre Paul aux Corinthiens, je cite : « Vous êtes manifestement une lettre du Christ remise à nos soins, écrite non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant ». Fin de citation.

L’Assemblée Nationale dit Merci à tous nos concitoyens pour l’attachement particulier qu’ils manifestent à l’endroit de cette institution, symbole de leur liberté inaliénable.
 
Enfin, comme annoncé au début de cette allocution, nous avons l’honneur et l’immense plaisir d’accueillir dans cet hémicycle, l’honorable Aubin MINAKU NDJALANDJOKO, venu en sa double qualité de Président de l’Assemblée Nationale de la République Démocratique du Congo et Président de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie.

Cher frère, le Palais Léon MBA apprécie fortement la considération que vous témoignez à son égard. La République Démocratique du Congo n’est pas seulement un pays frère africain, mais une terre quasi commune à nos ancêtres respectifs comme le témoignent nos fortes similitudes culturelles. Le soutien que vous nous apportez ce jour est à la fois conforme au devoir d’une fraternité agissante et à la hauteur du travail que vous accomplissez intelligemment en faveur d’une plus-value de la francophonie parlementaire. Notamment dans le rôle de vigie de la démocratie, de l’état de droit  et de la place accordée à la femme et aux jeunes comme vecteurs de paix et acteurs du développement. Monsieur le Président MINAKU, les députés gabonais sont d’ores et déjà reconnaissants pour le message que vous voudriez bien délivrer à leur intention. Bon séjour à Libreville.

Monsieur le Premier Ministre,

La présente législature qui tire progressivement à sa fin a été dominée par une majorité écrasante des élus du Parti Démocratique Gabonais et ses alliés. Situation consécutive au boycott observé par les partis de l’opposition radicale lors des élections législatives organisées en 2011.
En dépit de la majorité monocolore, les députés ont travaillé jusqu’ici selon le respect d’une certaine éthique parlementaire. Ils ont affiché une sincère loyauté au Gouvernement en votant toutes les lois allant dans le sens de favoriser ou de rendre plus efficace le déroulement de son action.

    Parallèlement, nous avons tenu à respecter les intérêts supérieurs du peuple gabonais en assumant une liberté de conscience, d’esprit et de ton qui nous ont valu parfois, hélas, des incompréhensions et des incriminations de part et d’autre.

    Dans la juste mesure où le fait majoritaire ne nous donne pas tout pouvoir et notamment le pouvoir d’entretenir des indélicatesses à l’égard de notre loi fondamentale, il importe alors aux membres du Bureau de l’Assemblée Nationale de vous traduire, dans un élan véridique, une situation préoccupante qui trouble les consciences et la sérénité de la majorité. La situation concerne la consommation boulimique ou plutôt l’usage inflationniste des ordonnances par le Gouvernement de la République.

    En effet, conformément aux dispositions de l’article 52 de la Constitution, le Président de la République, Chef de l’Etat, est autorisé à légiférer par ordonnances, en période d’intersession parlementaire, dans les matières relevant normalement du domaine de la loi.
    Cependant, l’habilitation de légiférer ainsi dévolue au Chef de l’Exécutif ne devrait concerner que les seuls cas d’urgence en principe. C’est-à-dire les cas qui nécessiteraient le déroulement immédiat de l’action gouvernementale au risque d’un péril imminent.
    Or, la propension du Gouvernement à légiférer par voie d’ordonnances peut laisser perplexe. En effet, jouissant d’une majorité parlementaire confortable, le Gouvernement ne peut craindre aucune obstruction législative susceptible d’entraver son action. Le recours quasi systématique à une telle pratique, perçue sous d’autres cieux comme la traduction d’une stratégie d’évitement du débat parlementaire, peut donc surprendre.
    Pour illustrer par les chiffres le caractère préoccupant de cette situation, sur la base des statistiques réalisées par l’administration de notre institution, au demeurant gestionnaire du flux des textes, l’Assemblée Nationale a enregistré de 2012 à 2015, 107 projets de loi. Sur ces 107 textes, 54 sont des projets de loi de ratification d’ordonnances. Ce qui revient à dire, en arrondissant par excès que 51% des projets de lois émanant du Gouvernement dans le cadre de son droit d’initiative, sont des lois de ratification d’ordonnances.     En affinant l’analyse et considérant que les lois d’habilitation de même que les lois de Finances initiales correspondent à des votes contraints par la Constitution, on peut retrancher de ces 107 projets de loi, le chiffre 12 représentant le nombre de lois de Finances initiales et de lois d’habilitation adoptées depuis 2012. Le ratio serait alors que 57% de la production législative d’origine gouvernementale est consacrée à la ratification d’ordonnances. Et si l’on soustrait les projets de loi de Règlement, également obligatoires, nous serions à 63%.
    Monsieur le Premier Ministre,
    Une autre curiosité, susceptible d’interprétation malencontreuse, réside dans le fait que, signées et publiées pendant les intersessions, les ordonnances ne sont transmises au Parlement qu’à la fin de la session au cours de laquelle elles doivent être ratifiées, parfois même à la veille de la cérémonie de clôture de ladite session. Comment dès lors et par quels artifices éviter la caducité de ces textes ?
    A titre d’exemple, le projet de loi portant ratification de l’ordonnance n° 18/PR/2015 du 11 Août 2015 portant conditions et modalités d’exercice de la liberté de la Communication en République Gabonaise est parvenu sur le Bureau de l’Assemblée Nationale le 17 décembre 2015, soit huit (08) jours ouvrables avant le terme de la session. Comment, dans un tel laps de temps, examiner de façon sérieuse un texte composé de 208 articles et qui, sur le fond, vient encadrer un droit fondamental garanti par notre Constitution ?
    Je rappelle à toutes fins utiles que ce texte était couplé avec un autre projet de loi portant ratification de l’ordonnance n° 19/PR/2015 du 11 août 2015 fixant le cadre d’exercice des activités cinématographiques en République Gabonaise qui, soumis concomitamment à l’examen de l’Assemblée Nationale, comportait, lui,  77 articles.
    La structure bicamérale de notre Parlement induisant une navette et une adoption séparée des textes par les deux Chambres et à supposer même que les Députés, saisis en premier lieu, eussent pu voter les projets de loi sus visés, de quels délais le Sénat eût-il disposé avant le 31 décembre 2015 pour délibérer à son tour et adopter sereinement lesdits textes ?    
    Monsieur le Premier Ministre,
    Sur un tout autre plan, l’année 2016 a commencé comme l’année 2015 s’est achevée. C’est-à-dire sur fond d’une dégringolade vertigineuse du prix du baril de pétrole sur les marchés internationaux. Au regard des dernières nouvelles, la situation semble loin de s’améliorer. Vous le savez aussi bien que moi, les grands producteurs en la matière refusent de baisser leur production, pourtant seul moyen de stabiliser les prix. Ce qui augure encore des jours difficiles pour notre économie et des lendemains sinon incertains ou du moins inquiétants pour les gabonaises et les gabonais.
Cependant, ce mal peut être un bien au sens où, il doit nous conduire vers plus d’orthodoxie concernant la gestion de nos finances et l’intensification du processus salvateur de diversification de notre économie.
    Car, au moment où le Gabon fait plus que par le passé l’expérience de sa grande dépendance à l’égard du pétrole, la diversification de son économie ne peut plus continuer d’apparaître comme un gadget ou un accessoire rhétorique dont les politiques doivent faire usage simplement au besoin de se donner une sorte de bonne conscience en la matière.
    En effet, le sol et le sous-sol gabonais renferment d’importantes ressources et des potentialités susceptibles de minorer le poids du pétrole sur notre PIB et par conséquent sur les hypothèses macroéconomiques dont notre budget est tributaire. La providence a bien voulu doter notre arc de plusieurs cordes. Le moment, me semble-t-il, est désormais arrivé qui recommande d’appuyer sur d’autres leviers.
    Monsieur le Premier Ministre,
    Parce que notre pays ne peut à long terme continuer à forcer sur le levier de la dette, il importe de libérer, encourager et encadrer le génie créatif des jeunes gabonaises et des gabonais dans l’économie numérique, les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Il faudrait davantage d’imagination de la part des pouvoirs publics dans les secteurs porteurs de développement durable, à l’instar de l’énergie solaire, aujourd’hui présentée par plusieurs puissances comme l’avenir de l’économie en général et de l’économie du continent africain en particulier. L’expertise des pays frères comme le Royaume du Maroc qui vient d’inaugurer le plus grand complexe dans ce domaine devrait nous servir. Il faudrait aussi des mesures combinées, visant à créer une véritable économie autour du tourisme et de nos ressources ou potentialités marines et sous-marines.
    Enfin, les PME dans tous les secteurs, le made in Gabon n’est-il pas une autre voie de la diversification que le Gouvernement peut soutenir ?
    Monsieur le Premier Ministre,
    Ainsi que vous pouvez le constater, du haut de la masse critique dont vous êtes dépositaire, l’Assemblée Nationale est résolument tournée vers la positive attitude.
-    Contre le déclinisme, l’Assemblée Nationale prêche l’espoir d’un Gabon meilleur ;
-    Contre « les sceptiques qui ne doutent que pour douter et affectent d’être toujours irrésolus », la Représentation nationale prêche la croyance en l’intelligence, au génie et au dynamisme de la jeunesse gabonaise ;
-    Contre la cécité politique qui creuse partout des grands fossés entre les peuples et les élites, l’Assemblée Nationale prêche une plus grande vigilance, une plus grande attention aux besoins en constante mutation de la société ;
-    Contre l’auto-complaisance et la forme de câlino-thérapie qui lui sied, l’Assemblée Nationale voudrait prêcher le parler vrai, le parler franc, une sorte de rigueur des politiques envers eux-mêmes, seule façon d’éclairer de manière toujours un peu plus critique les chemins qu’ils voudraient baliser avant d’embarquer les peuples sur les présumés sentiers de leur bonheur.  
Dans cette perspective, la Représentation Nationale prend acte du nouveau pacte sur l’égalité des chances lancé par le Président de la République, le mardi 23 février 2016 et invite les jeunes à s’y intéresser.
A vous mes chers Collègues,
Avant le terme de cette allocution, il me semble opportun de rappeler à tous que notre mandat s’épuise dans huit mois environ. Sur toute la ligne, nous devons en être dignes. Cette dignité requiert le respect du peuple gabonais qui nous a envoyé en ce lieu afin de le représenter dans l’intérêt de la nation unitaire ; et non pour dévaluer cette responsabilité en se livrant notamment à des petites combinaisons politico politiciennes, par définition égoïstes et méprisables.
    De faite, à la veille des grands rendez-vous électoraux à venir, la tentation est grande de reléguer à l’arrière plan notre noble mission et de vouloir ainsi précariser la cohésion d’action qui nous engage ; en nous désolidarisant inopinément les uns des autres parce que certains seraient d’ores et déjà hantés par la recherche de je ne sais quel leadership politique. Alors que la défense de l’Assemblée Nationale, en tant qu’institution devrait être jusqu’au terme de la législature le souci premier de tous.
En d’autres termes, les députés appartiennent à des familles politiques. Mais, ils ne doivent, en aucun cas, se servir du mandat que leur donne le peuple pour l’expression singulière de leur militantisme et des intérêts partisans qui le sous-tendent. Le tout, au détriment de l’Assemblée Nationale ou affaiblissant l’Assemblée Nationale. Car, bien qu’investis par les partis politiques, c’est au peuple qu’il appartient en dernier d’accorder la légitimité à un prétendant plutôt qu’à un autre. C’est le peuple qui décide en dernier lieu de jeter son dévolu sur les personnes qu’il juge digne et capables d’endosser son pouvoir délibératif au sein du Parlement. Le Parlement, ce haut lieu du dialogue tel qu’Omar BONGO-ONDIMBA nous l’a appris, ne doit jamais consister à détricoter les intérêts de la Nation. Il doit toujours les sacraliser, au demeurant, comme le dialogue lui-même.  
C’est sur cette note relative au dialogue et à son caractère sacré que je déclare, conformément à nos usages, l’ouverture de la première session ordinaire 2016.
Puisse cette avant dernière session, donner le meilleur de sa production législative et préparer ainsi en beauté l’éclipse de la douzième législature.
Une fois de plus, nous remercions le Président Aubin MINAKU d’être parmi nous ce jour.
Vive le Parlement gabonais ;
Vive l’Assemblée Nationale, pour que vive le Gabon éternel ;
Je vous remercie de votre précieuse attention.

Le Président de l’Assemblée Nationale

Jean-François NDONGOU

Président de l’Assemblée Nationale de la Transition

A la une

Editorial

Publications

Textes de référence

Supports

Médiatheque

Horaires d'ouverture

Du Lundi au Vendredi
de 07h30 à 15h30

Nous Contacter

Palais Léon MBA Boulevard Triomphal Omar BONGO
BP: 29