Allocution de la Présidente de la chambre des députés, du Parlement du Rwanda, MUKANTABANA Rose, A L'Assemblée nationale du Gabon lors de l'ouverture de la première session ordinaire de l'année 2013.



Son Excellence Monsieur le Président de l'Assemblée nationale du Gabon ; 
Son Excellence Monsieur le Président de l'Assemblée nationale de Comores ;
Honorables Vices Présidents de l'Assemblée nationale du Gabon ;
Honorables Députés ;
Mesdames et Messieurs ;

C'est avec un réel plaisir que je suis avec vous aujourd'hui et que je prends la parole dans ce palais Léon MBA de la démocratie qu'est l'Assemblée nationaledu Gabon, en cette occasion de l'ouverture de sa première session ordinaire de l'année 2013.

Je voudrais ainsi transmettre les salutations de son Excellence le Président de la République du Rwanda, Paul KAGAME à son Excellence le Président de la République, Ali BONGO ONDIMBA et partant, les salutations de tous les rwandais aux frères  et soeurs du Gabon. Plus particulièrement je vous transmets chers parlementaires les salutations de vos collègues du Parlement  du Rwanda.

Je faisais l'occasion pour exprimer, au nom de ma délégation et en mon nom propre, notre profonde reconnaissance pour l'accueil et toute l'attention dont nous avons bénéficiédepuis notre arrivée dans votre belle capitale Libreville.

Je remercie spécialement l'Honorable Guy NZOUBA NDAMA, Président de cette Assemblée qui a bien voulu nous associer à cet important événement. L'invitation qu'il nous a adressée témoigne suffisamment des bonnes relations de fraternité et de coopération qui existe entre le Gabon et le Rwanda et entre les deux Parlements. C'est aussi un signe éloquent de la solidarité, nue des valeurs intrinsèques aux peuples de l'Afrique.

Excellence Monsieur le Président ;
 Honorables Vices Présidents ;
 Honorables Députés ;
 Mesdames et Messieurs ;

Nul n'ignore que nous partageons beaucoup dans nos traditions et cultures même s'il existe quelques spécificités propres à chaque pays. Les crises et les profondes mutations de la société moderne nous concernent tous bien qu'à des degrés différents. Les avancés des technologies de l'information et de la communication, l'interdépendance et l'internationalisation des relations ne laissent aucun  pays, ni aucun peuple de côté. Dans ces conditions, le renforcement des liens d'amitié et de fraternité déjà existants s'avèrent plus que nécessaires.

L'Afrique a subi et continue à subir les effets et les conséquences de ces transformations parfois imposées de l'extérieur et les nouvelles formes de domination ne font qu'exacerber les problèmes auxquels font face les africains. Le leadership africain est à prendre plus de conscience que le développement de l'Afrique et le bien-être des africains ne viendrons jamais  des autres continents ; il en va plutôt de la responsabilité première de nous-mêmes africains. Nous ne devrions pas continuer à présenter les excuses de l'histoire d'il y a plus de 50 ans pour esquiver cette responsabilité, nous avons l'obligation de chercher à comprendre pourquoi il y a un grand nombre de populations pauvres sur le Continent Africain  alors qu'il regorge des richesses énormes, mais aussi et surtout le devoir d'y trouver des solutions durables. Cela exige une vision bien éclairée et une gouvernance efficace pour répondre aux aspirations sans cesse croissantes des citoyens de nos pays respectifs et pour leur assurer un avenir meilleur.

Excellence Monsieur le Président ;
 Honorables Vices Présidents ;
 Honorables Députés ;
 Mesdames et Messieurs ; 

Certains pays africains ont enregistré des avancées louables dans la gouvernance démocratique, l'organisation des élections libres et transparentes, la corruption et la mise en place de mécanismes juridiques et institutionnels correspondants, ainsi qu'en matière de développement humain.

Toutefois, il existe encore dans certains coins de l'Afrique des signes visibles de toutes sortes qui génèrent des conflits armés et des tensions récurrentes. Les efforts de développement économique sont ainsi anéantis par ces déchirements au niveau de la communauté, ce qui fait que le taux de croissance laisse toujours à désirer.

Excellence Monsieur le Président ;
Honorables Vices Présidents ;
Honorables Députés ;
Mesdames et Messieurs ;

Le rôle des Parlements est capital pour instaurer et renforcer la démocratie et la bonne gouvernance. En effet, grâce à sa mission de législateur et de contrôleur de l'action gouvernementale, le Parlement assure l'adéquation des politiques du gouvernement aux besoins de la population, il peut exiger des comptes ou alors refuser de cautionner des décisions de nature à affecter négativement la vie du peuple. Le rôle croissant joué par le Parlement dans la gouvernance est le reflet de profondes transformations des relations entre politique, économie et société.

Excellence Monsieur le Président ;
 Honorables Vices Présidents ;
 Honorables Députés ;
 Mesdames et Messieurs ;  

J'aimerais vous partager l'expérience de mon pays le Rwanda, qui a connu la tragédie du génocide contre les Tutsi en 1994, mais qui se reconstruit de façon satisfaisante au fil des années. En effet, d'un côté,  nous regrettons vivement que nous ayons connu une période sombre de notre histoire où l'exclusion, la discrimination, la haine des uns envers les autres ont culminé en un génocide qui a emporté plus d'un million de vies humaines et détruit les propriétés tant publiques que privées en un laps de temps de trois mois, d'avril à juillet 1994. D'un autre côté, nous sommes fiers que des rwandais eux-mêmes ont arrêté ce génocide face à l'impuissance ou l'inaction de la communauté internationale.

Depuis lors, le pays est embarqué dans une vision ou chaque rwandais doit se sentir  chez lui, doit jouir des mêmes droits que les autres et participer à titre d'égalité à la vie politique, économique et sociale du pays. Tous les réfugiés rwandais où qu'ils se trouvent sont appelés à rentrer au pays et à collaborer aux efforts de développement. Pour ceux qui ont reçu la nationalité des pays d'accueil et qui préfèrent y rester, qu'ils ne se privent pas du droit de venir au pays visiter leurs membres de famille ou les amis ou même y investir sans aucune entrave.

Le leadership rwandais a compris que le développement du pays ne sera acquis que par la participation de tous les fils et filles du pays. Ainsi, l'égalité homme/femme  est  une réalité indiscutable dans notre pays, lequel est le premier au niveau mondial à voir plus de femmes au Parlement  (56.25% à la Chambre des Députés). Cela résulte d'une volonté politique bien délibérée et du consentement  de la population lors du référendum  constitutionnel de 2003 où un quota de 30% au moins a été réservé aux femmes dans toutes les instances de prise de décisions.
Dans son entreprise de reconstruction, le Rwanda a revisité certaines valeurs de sa culture pour faire face aux problèmes politico-juridiques léguées par le génocide des Tutsi de 1994 et pour mieux asseoir ma vision de développement économique. Les juridictions GACACA ont permis de liquider un contentieux judiciaire de plus d'un million de dossiers dans un délai relativement court (de 2002 à 2012) et avec des moyens financiers  très limités. Comparativement à ce qui  a été fait par le Tribunal Pénal pour le Rwanda créé par les Nations Unies et dont le siège est à Arusha, en Tanzanie, la différence est très significative aussi bien en termes des dossiers jugés et clôturés que par rapport  au budget annuel utilisé. Aussi, certains cas d'acquittement au niveau de ce tribunal alors que la réalité est bien connue doivent être considérés comme un déni de justice vis-à-vis de la société rwandaise en général, des victimes et rescapés du génocide en particulier.

Parmi les autres solutions typiquement rwandaises, je dois mentionner «Umuganda », C'est-à-dire les travaux communautaires dont la philosophie est que le Rwanda ne sera développé que par les rwandais et que l'aide extérieure ne viendra que pour compléter les efforts déjà déployés. Il y a « Imihigo», entendu par là le contrat de performance, qui n'est rien d'autre que l'expression de la reddition des comptes par les dirigeants à tous les niveaux de l'administration publique, y compris les membres du Gouvernement. Il y a aussi « Itorero », c'est-à-dire un espace de rassemblement des rwandais, surtout les jeunes pour l'éducation au patriotisme et aux valeurs positives rwandaises, mais aussi pour les services d'intérêt publique.

Enfin, Un Fonds de Solidarité Nationale a été récemment créé et chaque citoyen y contribue à volonté et selon ses moyens. Le démarrage effectif de ce Fonds a malheureusement coïncidé avec la suspension des aides par certains pays l'année dernière sous des fausses accusations du rôle du Rwanda dans les problèmes d'insécurité dans l'Est de la République Démocratique du Congo. Mais il s'agissait d'une résolution prise bien avant, lors du « Dialogue Nationale de 2011», un autre cadre constitutionnel d'échange entre les hauts responsables du pays, y compris le Président de la République et la population à différents niveaux. Le principal message véhiculé à travers ce Fonds de Solidarité est que l'assistance externe, quelles que soient sa nature et sa valeur, ne sera jamais suffisante par rapport aux besoins internes si elle n'est pas bien soutenue par les réalisations propres. Aussi la coopération régionale et internationale ne pourra être fructueuse que dans le respect des principes de la dignité et de l'égalité entre les différents partenaires.

Excellence Monsieur le Président ;

La liste des innovations actuelles en oeuvre et puisées dans la tradition rwandaise est longue, je ne saurai pas tout dire pour ne pas vous prendre beaucoup de temps. Mais à travers les échanges parlementaires, nous sommes disposés à accueillir des délégations de votre Parlement pour en savoir plus.

En effet, la coopération sud-sud devrait être davantage renforcée pour faire face aux nouvelles formes de domination qui passent par les conditionnalités, parfois non justifiées, de l'aide au développement alors qu'il s'agit d'une obligation des pays riches vis-à-vis des moins riches de par les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD n°8).

Le Président de l’Assemblée Nationale

Jean-François NDONGOU

Président de l’Assemblée Nationale de la Transition

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